Quand Banque Populaire nous a contactés pour un projet de publicité impliquant du surf de nuit avec des combinaisons lumineuses, on a d'abord cru à une blague. Des LED intégrées dans du néoprène ? Un système électrique qui résiste à l'eau salée, aux chocs, aux wipeouts ?

Surf de nuit : et si les LED devenaient un vrai outil de sécurité ?

Quand Banque Populaire nous a contactés pour un projet de publicité impliquant du surf de nuit avec des combinaisons lumineuses, on a d'abord cru à une blague. Des LED intégrées dans du néoprène ? Un système électrique qui résiste à l'eau salée, aux chocs, aux wipeouts ?

Et puis on s'est dit : pourquoi pas essayer ?

Ce projet publicitaire nous a ouvert les yeux sur quelque chose de plus grand. Au-delà de l'aspect visuel spectaculaire, la technologie LED pourrait résoudre un vrai problème : la sécurité des surfeurs qui pratiquent dans l'obscurité.

Le projet Banque Populaire : le défi technique

Le brief était simple en apparence : créer des combinaisons qui brillent dans le noir pour un tournage nocturne. La réalité technique était autrement complexe.

Il fallait intégrer des bandes LED souples dans le néoprène sans compromettre la mobilité. Concevoir un système d'alimentation étanche capable de résister à plusieurs heures d'immersion. Garantir que l'ensemble ne gênerait pas le surfeur dans ses mouvements. Et surtout, s'assurer que le tout tiendrait le choc d'une vraie session — pas juste quelques minutes de pose pour la caméra.

On a passé des semaines à prototyper, tester, recommencer. Le système électrique a été entièrement repensé pour être modulaire et remplaçable. Les LED ont été positionnées sur des zones qui ne frottent pas contre la planche. L'étanchéité a été renforcée avec des joints spécifiques développés pour ce projet.

Le résultat ? Des combinaisons fonctionnelles qui ont tenu plusieurs nuits de tournage dans des conditions réelles.

Jérôme Sahyoun : celui qui surfe vraiment la nuit

Pour ce projet, on avait besoin de surfeurs capables d'évoluer dans l'obscurité totale. Pas des mannequins qui font semblant. Des vrais.

Jérôme Sahyoun, légende du big wave et ambassadeur WETTY, fait partie de ces surfeurs qui n'ont pas attendu les LED pour explorer les sessions nocturnes. Depuis des années, il surfe régulièrement de nuit sur les spots du Pays Basque.

"Le surf de nuit, c'est une autre discipline. Tu ne vois pas les vagues arriver, tu les sens. Tu développes une lecture différente de l'océan, basée sur le son, sur les mouvements de l'eau autour de toi. C'est à la fois flippant et incroyablement pur. Mais le vrai problème, c'est qu'on ne te voit pas. Si tu te fais surprendre par une série, personne ne sait où tu es."

C'est cette réalité qui nous a fait réfléchir. Les LED, au-delà du spectacle, pourraient devenir un outil de localisation.

Le problème de la visibilité nocturne

Surfer de nuit n'est pas réservé aux têtes brûlées en quête de sensations. C'est une réalité pour beaucoup de surfeurs.

Les sessions du matin tôt en hiver, quand le soleil ne se lève qu'à 8h30. Les sessions du soir qui s'étirent après le coucher du soleil parce que les vagues sont trop bonnes pour sortir. Les spots reculés où l'éclairage public n'existe pas. Sans parler des régions nordiques où les journées d'hiver ne durent que quelques heures.

Dans toutes ces situations, la visibilité devient un enjeu de sécurité majeur.

Comment ton buddy sait où tu es après un wipeout ? Comment le jet-ski de sécurité te repère si tu es en difficulté ? Comment tu signales ta position si tu dérives loin du peak ?

Aujourd'hui, les solutions sont artisanales. Des bâtons lumineux attachés au leash. Des frontales waterproof qui tiennent mal. Des combinaisons avec des bandes réfléchissantes qui ne servent à rien sans source de lumière.

Ce qu'on a appris du projet LED

Le tournage Banque Populaire nous a permis de tester en conditions réelles ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas.

Ce qui marche :

La visibilité à distance. Avec des LED bien positionnées, un surfeur est repérable à plusieurs centaines de mètres. Même dans une mer agitée, même avec de l'écume partout, le signal lumineux reste visible.

La différenciation des surfeurs. En attribuant des couleurs différentes à chaque personne, on sait immédiatement qui est où. Utile pour les équipes de sécurité, mais aussi simplement pour se retrouver entre potes.

L'autonomie. Nos prototypes ont tenu plus de 4 heures d'utilisation continue. Largement suffisant pour une session, même longue.

Ce qui pose encore problème :

Le poids. Le système d'alimentation reste trop lourd pour un usage quotidien. On parle de quelques dizaines de grammes, mais sur une combinaison haute performance, chaque gramme compte.

L'entretien. Les composants électroniques n'aiment pas le sel. Après chaque session, il faut rincer soigneusement et vérifier les connexions. Ce n'est pas compatible avec un usage intensif.

Le coût. Une combinaison LED représente un investissement significatif. Pour l'instant, ça reste du matériel de production ou d'expérimentation, pas du matériel grand public.

L'avenir : de la pub à la sécurité

On ne va pas sortir une combinaison LED au catalogue demain. Mais ce projet nous a convaincus que cette technologie a un avenir dans le surf — pas comme gadget, mais comme équipement de sécurité.

Voici ce qu'on imagine pour les prochaines années.

Des modules LED détachables. Plutôt que d'intégrer les LED dans la combinaison, on pourrait développer des bandes lumineuses qui se fixent sur n'importe quelle combi. Tu les ajoutes pour les sessions à risque, tu les retires le reste du temps.

Une alimentation miniaturisée. Les batteries souples et légères progressent rapidement. Dans 5 ans, on aura probablement des systèmes d'alimentation invisibles, intégrés dans l'épaisseur du néoprène.

Une connectivité GPS. Le vrai game changer serait de coupler les LED à un système de localisation. Ta combinaison clignote automatiquement si tu restes immobile trop longtemps sous l'eau. Elle transmet ta position à l'équipe de sécurité en temps réel. Elle change de couleur selon ton état (en surface, en apnée, en difficulté).

Une intégration avec les combinaisons d'impact. Pour le big wave, où la sécurité est cruciale, les LED pourraient devenir standard. Nos combinaisons Impact sont déjà conçues pour les conditions extrêmes — ajouter un système de visibilité serait une évolution logique.

Ce que Jérôme voit pour le futur

Jérôme Sahyoun a testé nos prototypes LED pendant le tournage et plusieurs fois depuis. Son regard de big wave rider apporte une perspective unique.

"Pour les sessions nocturnes classiques, les LED seraient un plus, mais pas indispensables. Par contre, pour le tow-in de nuit ou les conditions extrêmes, ça pourrait sauver des vies. Imagine que tu te fais engloutir par une série à Nazaré dans le noir. Ton safety sur le jet-ski a quelques secondes pour te localiser. Avec une combinaison lumineuse, il te trouve instantanément. Sans, il cherche une aiguille dans une botte de foin."

Il ajoute un point important sur l'aspect psychologique :

"Savoir qu'on te voit, ça change ton état d'esprit. Tu prends des vagues que tu n'aurais pas prises autrement. Tu restes plus longtemps dans l'eau. Tu explores des sessions que tu aurais évitées. Les LED, c'est pas juste de la sécurité passive. C'est un outil qui élargit ton terrain de jeu."

Notre approche : tester avant de vendre

On pourrait sortir une combinaison LED demain et surfer sur l'effet de nouveauté. Ce n'est pas notre façon de faire.

Chez WETTY, on ne met un produit au catalogue que quand il est vraiment prêt. Quand il a été testé par nos riders dans des conditions réelles. Quand on est certains qu'il tient ses promesses sur la durée.

La technologie LED n'en est pas encore là pour un usage grand public. Mais on continue à expérimenter. On garde le contact avec les fabricants de composants électroniques. On suit les avancées des batteries souples. Et on accumule les retours de terrain à chaque opportunité.

Le jour où on sera capables de proposer un système LED léger, fiable, abordable et vraiment utile pour la sécurité, on le fera. Pas avant.

En attendant : les solutions existantes

Si tu surfes régulièrement dans des conditions de faible luminosité, voici ce qu'on recommande aujourd'hui.

Une combinaison avec des éléments contrastés. Nos combinaisons femmes avec motifs bandana ou léopard ne sont pas juste esthétiques — elles te rendent plus visible dans l'eau qu'une combi noire intégrale.

Un leash de couleur vive. Orange, jaune fluo, vert… Ton leash est souvent la seule partie de ton équipement qui reste visible quand tu es allongé sur ta planche.

Une frontale waterproof de qualité. Pas les modèles à 15 euros qui meurent au premier canard. Investis dans du matériel conçu pour les sports nautiques.

Surfer accompagné. La meilleure sécurité reste humaine. Un buddy qui sait où tu es et qui peut intervenir si besoin.

Le surf de nuit : une pratique qui mérite mieux

Le surf de nuit existe depuis que le surf existe. Les anciens Hawaïens surfaient au clair de lune. Les pionniers du big wave s'entraînaient dans l'obscurité pour affûter leurs sens.

Cette pratique mérite des équipements à la hauteur. Pas des gadgets lumineux pour faire joli sur Instagram, mais de vrais outils de sécurité pensés par des surfeurs pour des surfeurs.

Le projet Banque Populaire nous a montré que c'était possible. La route est encore longue, mais on avance.

Tu veux suivre nos expérimentations ? Abonne-toi à notre newsletter et suis-nous sur Instagram. On partage régulièrement les coulisses de nos développements — y compris ceux qui ne finissent pas au catalogue.